vendredi 20 juillet 2007

En haut de la Lanterne, une grande villa moderne balaie la vieille bicoque.


C’est le fils de Laurent, Victor, qui va nous intéresser de plus près car c’est lui qui va acquérir des terres, dont celles de la Lanterne. L’action se déplace dans un premier temps près de Saint-Antoine-Ginestière. Avant les années 50, les possessions des Révélat ce sont essentiellement des coteaux étendus, entre plaine du Var et Fabron supérieur. La famille va garder ces terres très longtemps, d’ailleurs elle en conserve encore certaines, à des fins purement résidentielles, en 2007.


Augustin et Pierre Révélat, les fils de Victor et les petits-fils de Laurent, posent devant la variété qui vaut à la famille le Grand Prix d'Honneur dit aussi Prix du Président de la République, aux Floralies de Cannes en 1952. On voit bien la taille magnifique des fleurs. C'est encore l'âge glorieux de l'oeillet niçois. Photo de la collection de Pierre Révélat.



Et en 1954 , Victor Révélat va acquérir la villa La Lanterne. La culture de l’oeillet par vaseaux à l’air libre (des séries de planches de fleurs de 50 centimètres de large séparées par des passages ou margons et sur lesquelles il fallait dérouler chaque soir des « paillassons », sorte de cannisses) est dépassée. On croit en l’avenir de la culture sous serre. Or à Fabron supérieur, le terrain n’était pas plat, il était donc peu propice à l’exploitation de serres fonctionnelles. Par contre ce grand plateau d’un hectare d’oliviers et de deux hectares de terres en haut de la Lanterne se prêterait admirablement à des installations horticoles modernes… Mais le domaine est aux mains des Mac Laughlin. L’affaire ne sera pas facile, elle traînera longtemps avant d’être conclue: la famille américo-irlando-française est ruinée, mais il y a 13 héritiers, qui ont certes besoin d’argent, mais qui ne sont pas d’accord entre eux. A un moment il n’y en a plus qu’un seul qui refuse de vendre. Son fils Pierre raconte comment Victor trouva une astuce pour faire céder le plus récalcitrant des héritiers, je vous laisse deviner…. C’est à cette idée décisive qu’il doit d’avoir emporté l’affaire. A l’époque Pierre, que j’ai rencontré, n’a que 11 ans, mais il se souvient bien de la villa achetée. Celle-ci n’est plus la belle maison claire des photos d’Anne-Cécile Mac Laughlin. C’est une demeure de 35 printemps, mais aux dires de Pierre, elle a alors perdu beaucoup de son agrément : « Quand on entrait, on était dans quelque chose de décrépit, il y avait des pièces rajoutées, des changements de niveaux partout, des trucs un peu dans tous les sens, des pièces qui s’ouvrent dans les coins d’un côté et de l’autre. Il y avait eu des réfections, mais à chaque fois on avait rajouté des trucs de bric et de broc, c’était plus ou moins à l’état de ruine et en tout cas pas habitable. Extérieurement elle n’était même plus très blanche. Ce n’était pas du tout une belle maison ancienne, au sens noble du terme. »

C’est pourquoi Victor Révélat la fera détruire pour bâtir quelque chose de neuf et fonctionnel, maison pour sa famille (en plus de Pierre, il a un autre fils, Augustin), mais aussi atelier pour réaliser et conditionner les bottes d’œillets.

On voit sur la photo plus bas (article du 4 juillet 2007) les pelleteuses à l’œuvre, vers 1955-56.

La nouvelle construction sera érigée entre 1958 et 1961.

Photo de la collection de Pierre Révélat

« Ce fut long, parce que le premier entrepreneur (Bertagna, je me souviens de son nom !) a fait faillite en cours de chantier ! » se rappelle encore Pierre Révélat. Elle superpose des plateaux de béton, elle est entourée de balcons de tous côtés, elle est d’un style résolument années 50. Les Révélat se voient obligés de la surmonter d’un lanternon tout à fait comparable à celui de la villa Mac Laughlin, pour des raisons géodésiques.

Photo de la collection de Pierre Révélat


Jeunesse dorée niçoise

Sur un film double 8 mm, Pierre conserve des images d’un crépuscule d’été de 1960 où on le voit se baigner avec ses copains dans un gigantesque réservoir rectangulaire de ciment à la limite des oliviers encore existants. La nouvelle villa est à l’époque presque terminée, les terres sont encore incultes. A la fin de la bobine les garçons filent à vélo vers l’avenue de la Lanterne dans le soleil couchant sur une allée bordée de murets en ciment. Cette allée séparait leur propriété de la petite villa vieillotte qui existe encore juste derrière. Je me demande quel habitant des Belles Terres pourrait rester insensible à ces images : un soir d’été en couleur, une image idyllique. Ce plateau de la Lanterne en lui-même n’a pas changé, les oliviers et le ciel non plus. C’est le même endroit. Et pourtant…


On distingue, au sommet de la villa, surmontant un belvédère carré au fond comparable à celui de la villa Mac Laughlin, le lanternon de fonction géodésique dont Monsieur Révélat dut doter sa villa. Photo de la collection de Pierre Révélat.


La nouvelle villa mesure 20 mètres sur 15. Au-dessus des salles de travail pour les fleurs, il y a deux niveaux d’habitation. A chaque étage, de chaque côté, une chambre, et au milieu la salle à manger. Les parents habitent un niveau. Augustin, de 10 ans l’aîné de Pierre, occupe le second.


Les serres abritant les nouvelles cultures d'oeillets, cette fois en "banquettes", et non plus en "vaseaux". Photo de la collection de Pierre Révélat.


Lorsque un peu plus tard, en 1967, Pierre, qui achève des études d’agronomie (il est ingénieur agronome) épouse Marcelle Joyet, fille d’un ancien notaire de Saint-Cloud près d’Oran, l’évènement est fêté au Thé de la Reine lui aussi disparu, place de la Lanterne, et le couple ira habiter dans un petit hangar destiné aux ouvriers des nouvelles serres (plus tard Pierre et Marcelle investiront la pittoresque villa Sainte-Thérèse à Fabron supérieur, et enfin tout récemment, dans les années 2000, après avoir vendu Sainte-Thérèse, feront construire leur actuelle villa saint-Amour).

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